Aucune ressemblance entre Bach, Debussy et Ravel !
C’est pourtant ce récital improvisé en dernière minute que nous propose Florian.
Très malade ces dernières années, Florian est revenu avec une énergie renouvelée. Il adore Laboule et profite de sa convalescence pour nous honorer de sa visite impromptue…
Si Bach, d’une époque baroque à la croisée des principales traditions musicales européennes, rassemble une multitude de jeux musicaux, les deux autres, Debussy et Ravel, sont souvent confondus au bénéfice de l’école impressionniste.
C’est le grand frère et le cadet incernable. Ravel lui-même aimait dire « Ne jouez pas ma musique comme du Debussy. »
Bach - Debussy - Ravel
Lorsqu’on regarde les portraits de ces trois hommes tellement différents, le doute n’est plus possible. Si Debussy offre un physionomie enveloppée, l’allure et le visage de Ravel, avec des saillies osseuses et un maintien sévère, sont deux façons opposées d’aimer la vie et la musique. La petite écriture ronde et celle si anguleuse de Ravel, en sont une autre preuve.
Le coté joli, impressionniste de Debussy, s’oppose au toucher tendu et épuré qu’il faut adopter pour Ravel.
Différents, ils ont fini par se brouiller totalement… Il n’y avait pas que leurs petits 13 ans qui les séparaient.
Mais la musique est une grande famille, forte des sentiments qu’elle fait naître. Ce qui relie ces compositions appartient au domaine de l’émotion pure, sérieuse ou presque enfantine, suivant qu’elle vient de Bach ou Debussy et Ravel.
Nous les apprécierons tous les trois sous les doigts pleins de vigueur de Florian !
Il nous explique qu’il existe pourtant un lien, c’est le ton Mi mineur des compositions jouées aujourd’hui.
Le ton mineur est celui des résonances émotionnelles. Rameau écrivait que le mode majeur convient aux chants d'allégresse et de réjouissance, alors que le mode mineur, en revanche, appelle la douceur et la tendresse. Mais la cause de ces effets psychologiques reste inconnue…
La toccata d'ouverture de Bach est une pièce où la régularité mathématique se partage avec une sorte de style de quasi improvisation.
Profondeur émotionnelle, cohérence et sens du drame, la performance de Florian est aussi pleine de cette clarté singulière de Bach. L'expression est virtuose et élégante, avec ce qu’il faut d’une sorte de caprice qui la rapproche des deux autres compositeurs de la soirée.
Debussy nous est montré dans des œuvres caractéristiques de son style. Invention technique, jeu intime et délicat. Le piano de ce soir est une machine à rêve, un compagnon de voyages imaginaires.
Enfin, avec Ravel et sa sonatine en 3 mouvements fluides et élégants, Florian nous emporte dans ce début du XXeme siècle ou le jeu musical s’intègre au courant impressionniste.
Plus « intellectuel » qu’avec Debussy, le voyage nous séduit dans ce jeu vif et presque emporté d’un Florian très dynamique.
Programme :
- Bach 6eme partita
- Debussy jardin sous la pluie (3eme estampe)
- 1er prélude Bach
- Debussy Gradus ad Parnassum
- Ravel Sonatine (3mvts)
- Bis : 2 Préludes de Bach