Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L’art de la chaconne – Ensemble baroque de Laboule

La chaconne était souvent le point final d’une suite de danses instrumentales, dans la période Baroque de la musique. Vers la fin du XVIeme siècle, elle est importée d’Amérique et introduite en Espagne par les marins. C’est alors une chanson populaire à trois temps. De caractère vif, elle sert à danser. Elle viendra au début du XVIIeme siècle en France, et sera dans toute l’Europe introduite dans des pièces lyriques tragédie et opéra-ballet. Elle sera aussi le morceau final dans la suite de danses instrumentales.

Elle est ainsi dans toute l’Europe, une danse de caractère noble. Elle est jouée par un seul instrument comme en orchestre.

Pièce lente et solennelle comprenant en général 4 ou 8 mesures avec reprise, elle est construite selon trois procédés qui peuvent se combiner. On trouve le rondeau (un refrain répété entre des couplets variés), la variation mélodique ou rythmique et enfin la basse « obstinée » (motif thématique répété à la basse). C’est celle-ci qui nous intéresse particulièrement ce soir.

L’art de la chaconne – Ensemble baroque de Laboule
L’art de la chaconne – Ensemble baroque de Laboule
L’art de la chaconne – Ensemble baroque de Laboule
L’art de la chaconne – Ensemble baroque de Laboule
L’art de la chaconne – Ensemble baroque de Laboule
L’art de la chaconne – Ensemble baroque de Laboule

Jean-Paul nous explique que nous commençons le concert par l’Angleterre avec une chaconne de Henry Purcell « Upon a ground ». 27 fois, nos trois flûtistes accompagnés de la basse au violoncelle et de guitare et Théorbe vont développer les variations d’un même thème. Ce sera ensuite 14 fois le thème d’une seconde chaconne du même Purcelle, puis à la cour de Louis XIV avec celle de Robert de Visée. C’est ensuite à Rome avec Angello Corelli et sa chaconne qui se permet quelques écarts pour s’approcher de sa cousine la Passacaille. Une Follia suit avec Vivaldi. Une « Soave Melodia e Corrente » avec Andrea Falconnieri.

Mais le public s’échauffe et veut participer à la danse lorsque le fameux canon de Pachelbel se met à tintinnabuler sous nos voûtes sonores.

Rameau nous renvoie en France avec sa « Danse des sauvages », un extrait des Indes Galantes.

Le Bis sera une nouvelle fois le canon de Pachelbel qui sonnera comme un air de fête dans une église pleine d’un public conquis et participatif.

Merci une nouvelle fois à Jean-Paul au théorbe et guitare et à sa formation avec les trois flûtes, Laurence, Edmond et Yves, Marie-Paule au violoncelle et Monica à la guitare et percussion.

L’art de la chaconne – Ensemble baroque de Laboule

La musique répétitive et la danse sont des viatiques qui mènent le joueur, le danseur, même le simple auditeur, à une véritable escapade de l’Esprit qui s’élève alors vers des pensées méditatives, joyeuses ou festives.

Certains l’ont utilisé au delà, pour entrer dans une forme de transe. Les derviches tourneurs par exemple en Turquie, au Maroc… D’autres en Europe, l’ont intégré aux offices religieux. C’est alors une forme d’envoûtement des fidèles… Les Etats ont eux aussi utilisé la musique à des fins moins prosaïques.

Aujourd’hui, qu’elle soit en amateur ou en esthète, il s’agit pour nous d’une sage écoute.

Nous avons été cependant bien baignés par les effets de cette résonance et si notre Esprit a bien voulu s’y prêter, notre corps a pu les ressentir.

Laissons-nous guider. L’Ensemble baroque de Laboule nous montre le chemin… L’âme est le souffle de la « basse continue ».

Jean-Paul nous rappelle un principe philosophique baroque,  « …tout se transforme. La fin est le commencement… »

François Cheng (auteur chinois - académicien Français) nous a dit également : « Apprenons à entendre la basse continue ponctuant le chant natif qui est en nous, qui gît au tréfonds de l’âme …/… Savoir qu’on a une âme, c’est porter une attention éveillée aux trésors qui peuvent s’offrir dans la grisaille des jours, laquelle s’exerce à tout ensevelir. »

 

Ainsi, hors des étourdissements et des bruits du monde, ce partage, ce don, cette communion, enfin ce chant natif, ce concert gratuit qu’aucun ne saurait empêcher et dont le risque pourrait valoriser le prix, nous est offert. Préservons cette chance !

Laboule est bien encore le village choisi pour percevoir l’essentiel et nous orienter vers ce qui nous est si singulier. Ensemble, nous savons redécouvrir que nous avons une âme.

A écouter : Chaconne Bach et Brahms - A propos de ce morceau, Johannes Brahms déclare dans une lettre adressée à Clara Schumann : « Sur une portée, pour un petit instrument, cet homme a écrit tout un monde des pensées les plus profondes et des sentiments les plus forts. Si je pouvais imaginer que je puis créer, ou simplement concevoir une telle pièce, je suis assez certain que l'excès d'excitation et de bouleversement me conduiraient à la folie. » , il en a d’ailleurs réalisé une transcription pour main gauche au piano seule.

https://www.youtube.com/watch?v=MS1ATruO7f4&t=75s

https://www.youtube.com/watch?v=Ljb5MvKv0Hw

https://www.youtube.com/watch?v=dOHiI_5yycU

L’art de la chaconne – Ensemble baroque de Laboule
Tag(s) : #saison 2023

Partager cet article

Repost0