Récital de piano de Joanna Goodale – Rameau et les oiseaux

Deux oiseaux qui s’aiment d’amour tendre, c’est un couple de tourtereaux mais celui-ci n’est pas né de la dernière pluie. Yohan n’est pas celui-là…

En effet, Jean-Paul ne laisserait pas sa place au premier qui passe !

Alors Johan nous présente avec humour et amour, celle que nous connaissons déjà.

Joanna qui est venue nous régaler depuis l’époque où elle était élève de Alain Kremski.

Mais aujourd’hui est un jour d’exception. Nous allons assister à un récital lumineux, hors de l’ordinaire d’une année pourtant particulièrement riche en concert de grande virtuosité.

Pour cette occasion, le bon Bechstein a été accordé comme jamais. On pourrait croire qu’il a retrouvé ses vingt ans. Il résonne avec un son juste et rond.

Le concert commence par un chant d’oiseau venu d’on ne sait où. Joanna a expliqué ce qu’elle a composé avec attention et invention.

Il s’agit, à partir de mélodies de Jean Philippe Rameau,  musicien français, théoricien de l'harmonie classique, de créer une musique aussi légère qu’un éphémère chant d’oiseaux qui virevolterait comme une danse turque, en rappel des ses origines.

Les mains de Joanna qui a accompagné l’accordeur semblent heureuses et volent littéralement au dessus du clavier.

Déjà, Bach in a Circle comme Debussy en Résonance, proposait une rencontre entre la musique baroque et les derviches soufis ou des rondes sans fin. Aujourd’hui, nous révèle une artiste plus accomplie encore. L’invention prend le pas sans négliger le jeu fidèle du compositeur dans ses airs classiques.

Joanna donne une nouvelle vie à « La poule », puis « Les Sauvages » et « Les tendres plaintes », avant de dévier vers une mélodie turque. Puis c’est « l’égyptienne » qui nous ramène vers un autre chant d’oiseau. Celui-ci intègre un extrait de « La gigue » de Rameau.

Le « Rappel des oiseaux » sera suivi d’un arrangement à partir d’une  composition personnelle d’une pianiste ukrainienne qui produit et improvise une musique Néoclassique Baroque. Puis ce sera la mélodie d’un pianiste polonais compositeur de petites pièces pour piano. Tous deux sont en osmose avec l’imaginaire que Joanna nous offre dans une éclatante maîtrise.

Après une petite mélodie bulgare, « Les Cyclopes » de Jean Philippe Rameau sera jouée avec chaque trille comme un mot remarquable, prononcé avec légèreté et virtuosité.

Enfin, généreusement, Joanna s’engage dans le jeu inouï de la Chaconne de Bach/Busoni. Le piano sonne comme jamais sous ses doigts endiablés et magiques.

Après des applaudissements vigoureux qui ne s’arrêteront pas avant qu’elle n’entame un premier Bis exécuté avec son compagnon Johan pour Purcell dans « Music for a While » et enfin un dernier bis avec une sereine « Rêverie » de Debussy.

Toutes ces oeuvres oscillent entre des arrangement originaux et sensibles et des compositions personnelles. Un programme inédit où la succession des pièces est un dialogue qui questionne avec délicatesse les valeurs mystérieuses et volatiles de l'âme humaine. On en redemande !

https://www.joannagoodale.com/

Photos de Christian Hornick et Alain